Un village nommé "souvenir" [pv Anakiel]

* Que le temps s'écoule rapidement, que la misère s'installe à grande vitesse. Il n'y avait pas plus pitoyable spectacle que ce qui s'offrait à la vue de la jeune femme. La brume elle-même semblait être altérée, vidée, vieille... Le temps glorieux de Kiri était bel et bien fini. C'était avec du recul et mélancolie que Tomoé était revenue.... et sans doute aussi poussé par les récents évènements d'une attaque puissante portée au vif à ce village, bien que les dégâts de ses actes n'avaient pas plus corrompus les ruines de Kiri. Seulement, l'assaut qui avait été causé aux alentours avait provoqué des dommages collatéraux.... le moral des habitants. Qu'il était navrant de regarder cela, qu'il était difficile de penser que l'on avait vu le jour parmis ces gens miséreux. Tant de souffrance qui ne laissait qu'une impression de dégoût et un goût amer de défaite et de faiblesse...

Tomoé se maintenait devant les portes de Kiri, camoufflés sous un épais manteau à capuchon. Ses yeux gris comme la brume scrutait les maisons détruites, les passants poisseux. Ses oreilles n'avaient l'air que d'entendre des gémissements, des pleurs. La jeune femme ne put s'empêcher de soupirer comme pour protester.
Tout semblait si vieilli et pauvre depuis qu'elle avait quitté Kiri, il y avait bien un moment déjà. Elle était partie sans se retourner, pour se dresser une nouvelle destinée. Seulement, elle ne pouvait lutter contre l'appel de ses racines.

Enfin, elle entra pour de bon, suivant un chemin boueux, toujours capitonée sous son manteau. Elle reconnaissait certains lieux pourtant mais aucun visage, c'était une évidence. Ses pensées se perdirent alors dans ses souvenirs.
Elle se remémorait ses maisons qui étaient devenues aujourd'hui fantômes, elle se voyait enfant, espionnant les passants, faisant les poches de certains comme un vilain garnement, un temps insouciant...

Brusquement, quelque chose, ou plutôt quelqu'un vint se heurter à elle. Le mouvement de recul de Tomoé eut pour conséquence de faire tomber la capuche qui lui recouvrait la tête et en cachait les traits. On vit alors un visage doux, sereins au regard mélancolique. Sa peau était pâle et la jeune femme avait des airs de poupée.
Ses yeux se baissèrent alors et vit un enfant, aux vêtements froissés et aux mains sales. Sa silhouette était frêle et ses joues rosies par sa maladresse. Voilà que l'enfant se mit à cafouillerdes mots incompréhensibles, sans doute s'excusait-il? En tout cas, il semblait véritablement paniqué de peur de se faire enguirlander.
Mais étonnamment, Tomoé sortit son bras de sous son manteau et vint lui caresser la tête. *

" Ce n'est rien petit bonhomme... Inutile de t'affoler... "

* Tomoé s'accroupit alors pour se retrouver à la même taille, et sembla chercher quelque chose dans sa besace, en pendouillaire sous son manteau. Elle retira alors un morceau de pain et lui tendit. *

" Tiens. Prend ceci. Tu sembles avoir faim et malheureusement, c'est tout ce que j'ai à t'offrir. "

* La jeune femme se releva aussitôt à ses propres mots. L'enfant la dévisagea alors timidement et ne semblait pouvoir décoller ses yeux. Il semblait muet. Pour tenter de le débrider et lui faire comprendre qu'il était inutle d'en faire toute une histoire, elle esquissa un petit sourire aimable et chaleureux, chose qu'elle ne dressait que dans de rares occasions. La magie de la brume peut-être?

Le laissant sur sa route, Tomoé continua sa visite. L'enfant, d'ailleurs, ne tarda pas à en faire de même. *

* et une bonne action de faite.... me voilà en train de jouer les sentimentales... pffff.... *

* La jeune femme aux yeux gris ne prit pas la peine de rabattre son capuchon. Il était inutle pour elle de se cacher et n'en voyait pas l'utilité alors. *

" Mmmm.... ils en ont vécu des choses cela... "

* A cette pensée prononcée clairementà voix haute, elle observa un vieux couple de vieillard. Tant de jeunes gens étaient morts. Il était ironique de constater que seuls les vieillards et les enfants, c'est à dire les plus fragiles, étaient encore de ce monde.
Tomoé fut prise d'une soudaine envie de pouffer de rire, mais elle se retenut, estimant que ce n'était pas le moment adéquat. Le vieux couple était en train de se disputer, se chamailler comme sans doute dans leur jeunesse. C'était la preuve même que malgré les malheur de Kiri, la vie continuait à battre son plein.

Après quelques minutes, l'épéiste qu'elle était en eut assez de se promener sans trop savoir où aller. Elle s'arrêta alors devant une maison entièrement ravagée, constituées seulement d'éboulis.
Avec une certaine paresse, elle s'assit sur une grosse pierre, lassive et soupirante. *

" J'ai besoin d'un verre... "

* Tomoé se remit à chercher dans son sac et en sortie une bouteille de saquet, avec son verre bien entendu. Poser déjeuner. Elle se servit et but d'une traite. *

" Il y a des plaisirs dont on ne se lasse jamais... "

* Son regard commença alors à se perdre dans le ciel gris de Kiri.... les souvenirs semblaient prendre le dessus... *

* Tomoé se tenait toujours sur son banc, les jambes l'une par dessus l'autre, se tenant sur son bras en arrière. De sa main libre, elle tenait son verre, et buvait calmement. Ses cheveux se ballotaient légèrement par instant à cause de la petite brise qui se levait. On aurait pu aisément la peindre, une peinture modeste certes, mais qui reflétait parfaitement l'ambiance de Kiri avec ses contrastes de gris. Elle semblait désabusée par moment, le regard dans le vague.
C'est alors qu'elle ôta son manteau, la laine rugueuse de celui-ci commençait à lui démanger la peau et les épaules. Et puis, il ne faisait pas si froid que cela, l'atmosphère était juste humide et en donnait l'impression. Elle déposa son accessoire à côté de sa bouteille, puis reprit ses rêveries d'un autre temps.

Un bref instant, elle fut interrompue par une petite scène au loin. Elle crut voir un adolescent faire des misères à un mendiant, mais finalement, c'était sans intérêt. Qui pouvait porter de l'intérêt à cela après tout? Un jeune qui jouait les passeurs, faisant les poches à ses aînés. Pathétique.... quelle preuve de lâcheté. Si elle avait été le maître ou la mère de ce garçon là, elle lui en aurait fait voir de toutes les couleurs. Il manquait d'honneur et de fierté.

Finalement et rapidement son attention se porta ailleurs. Kiri était le village de la brume, des anciennes illusions.... soit faite de la même matière que les rêves.... et apparemment l'éphémérité de ceux-ci touchait le village aussi.
Entre ses deux pensées, elle se servit de nouveau un verre de sake, ce bon vieil alcool dont elle avait fini par devenir dépendante, à son âge. Cela pouvait être terrifiant après tout mais elle buvait cela comme si ce n'était que du jus d'orange. Heureusement qu'elle n'avait personne pour lui taper sur les doigts, et si cela avait été le cas, elle les aurait peut-être tranché selon son humeur, à celui qui viendrait lui faire la morale. *

" Mmmm..... vraiment bon ce sake.... "

* Voilà qu'une nouvelle scène pittoresque se jouait devant elle. Maintenant les acteurs étaient une petite fille et sa mère. La jeune enfant venait d'aller cueuillir des fleurs que l'on trouvait généralement autour des points d'eau. Elle en tendit un petit bouquet fleuri à sa génétrice qui fronçait les sourcils d'inquiétude. Finalement, elle fondit devant l'offrande. *

" Pathétique.... elle ne survivrait pas longtemps sans sa mère celle-là.... les gens de Kiri sont devenus faibles.... ou sinon c'est moi qui ne m'en était jamais aperçu... "

* Brusquement, ses oreilles furent alertées. Quelqu'un s'approchait d'elle. Ses yeux gris virèrent sur le côté pour apercevoir une loque s'avancer vers elle avant de lamentablement s'étaler à ses pieds. Seule tragédie dans le tableau : sa bouteille. Dans sa chute le bonhomme l'avait renversé, brisé, vidant son contenu. Sacrilège! Cette bouteille lui avait coûté pas mal de ryos!! C'était de la bonne qualité qui plus est! Le pire de tout, était qu'elle s'aperçut que son précieux liquide s'était également versé sur ses chaussures! C'était le pompom!!! Décidément, le clochard semblait chercher les ennuis.

Le visage froncé par la colère, à la fois dégoûté par ce dérangement et celui qui trainait devant ces pieds, elle se redressa mais ne dégaina pas son arme, bien que l'envie était là.
Elle s'exclama néanmoins avec une voix plutôt calme alors que son visage la trahissait. Elle ne souhaitait pas faire de scène ridicule aujourd'hui. *

" Pauvre imbécile! Vous ne pouvez pas regarder où vous mettez les pieds, non? Et le fait que vous soyez navré ne me ramènera pas ma bouteille! Pffff... "

* Sur le coup, Tomoé le regarda de manière dédaigneuse. Comment avait-il osé? Puis finalement, elle redevint raisonnable et le dévisagea. Elle avait sous les yeux un faiblard, sale et repoussant sur le coup, surtout depuis qu'il avait brisé sa bouteille. Si l'on se basait seulement sur les apparences, il était évident de voir la différence de niveau entre les deux jeunes gens. Mais c'était bien connu, il ne fallait pas s'arreter à cela.

Cependant, Tomoé resta méfiante. *

" Ne restez donc pas au sol.... Vous me faites presque pitié ainsi.... Si vuos avez la force de trébucher, vous aurez aussi la force de vous relever tout seul je suppose.... "

* Indifférente, elle se rassit alors en sourpirant. Ses yeux regardait son sake se faire absorber par la terre et les pots cassées de sa bouteille. *

" Mmmm.... et bien Dame nature l'a bu pour moi.... "

* Tomoé regarda alors le sdf à ses pieds. Décidément.... il était impossible de boire du bon sake tranquillement où que l'on soit....*

* Tomoé avait encore les yeux rivés sur le sol, perdue dans ses pensées mélancoliques. Elle essayait d'imaginer avec délectation la façon dont elle aurait aprécié le nectar qu'elle venait de perdre. Elle sentait encore le goût brûlant de sa liqueur lui couler dans la gorge et lui réchauffer le corps, notemment en se rappelant les deux verres qu'elle avait pris précédemment. Quel doux souvenir. Il n'y avait rien de plus détendant alors. Alcool et émotions brumeuses faisaient bon ménage à ces instants.

C'est alors qu'elle se replongea quelques jours plutôt, au moment même de l'achat de cette fameuse bouteille. Tomoé en avait fait l'acquisition chez un particulier du pays voisin. Elle avait besoin d'un remontant après une petite altercation sur son chemin, des bandits qu'elle avait bien rapidement chassé, vu la médiocrité qu'était la leur. Tenter de la dépouiller et d'abuser d'elle? Elle en avait ri! Ils s'étaient tous deux montrés tellement vaniteux et arrogants qu'elle s'était empressée de leur donner une correction. Mais le combat fut bref et une perte de temps pour la demoiselle, si bien qu'elle voulut calmer sa déception avec du sake.
Finalement, bien que cela manqua de panache, ce fut elle qui leur retira leur butin, et ce fut avec ceci qu'elle s'était payée sa bouteille, la meilleure qualité qu'il soit, d'après le vendeur. Et étant donnée qu'elle se dirigeait alors vers Kiri, elle pensait qu'il aurait été bien mieux et profitable de la boire là bas. Quelle erreur! Ce fut sa perte.

Tomoé se retourna aussitôt vers le maladroit, toujours avec un air sévère et mécontent. Il se tenait debout, et le temps d'une fraction de secondes, elle fut étonnée de constater qu'il était assez grand et de bonne stature sous son manteau. Mais ces détails là étaient insignifiants à côté de la crasse qui le couvrait. Sous sa saleté, elle ne pouvait clairement dicerner les traits de son visage, chose assez déplaisante quand on avait quelqu'un en face de soi. Finalement, c'est homme se résumait à être un débris ambulant, une loque avec une barbe de trois jours, des cheveux gras au possible. Il était pressant pour lui de prendre un bain, et à Kiri il n'en manquait pas. S'il venait à l'agacer un peu plus, elle ne tarderait pas à l'y envoyez à la force de son pied.

Voilà que celui-ci continuait à être navré. Pitoyable! Il se mettait même à sourire comme un niais! Un sourire qui ne lui plut pas le moins du monde alors. Cependant, elle eut un curieux sentiment quand elle le vit penaud. C'était à ne rien comprendre. Depuis quand existait-il des hommes honnêtes prêt à donner leur bourse en compensation? Normalement, un tel homme aurait fui ou simplement n'aurait nullement mentionné le fait qu'il possède de l'argent. Ce vagabond était-il si sot? Ou jouait-il à un jeu dont Tomoé ne connaissait pas encore les règles?

Le regardant vider sa bourse, la jeune femme fit un signe de refus catégorique, fronçant les soucils. *

" Pauvre fou! Garde donc ton argent. Tu m'insultes encore plus en agissant de la sorte. Donnerais-je donc tant l'impression d'être pauvre et veinale? Pffff.... "

* Sur son petit soupir, elle se releva rapidement, tout en prenant son manteau. Tout ens 'écartant du malautru, elle écrasa de son pied la porcelaine de sa bouteille, toujours aussi déçue de sa perte. Son déjeuner était totalement gâchée.
Délicatement, elle déposa sa veste sur ses épaules, et rejeta par la suite ses cheveux en arrière. Elle prit le soin de bien le nouer à l'encolure, et de façon énigmatique, retira la broche qui lui maintenait sa coiffure.
Cheveux détachés, parfaitement capitonnée sous sa laine, en quelques secondes elle se transforma par de simples petits détails. De ce simple fait, elle ressemblait plus à une jeune femme normale qu'à une épéiste de renom.

Soudainement, Tomoé se retourna vers Anakiel, le visage moins bridé par la colère. *

" Si tu veux réparer ton erreur le mendiant, apprend la délicatesse, prend un bain, et soit moins maladroit. S'il devait avoir une prochaine fois à cette rencontre, je ne te garantie pas d'être d'aussi bonne humeur et je prendrais soin de te donner une bonne raison pour être maladroit en t'estropiant le pied. "

* Il fallait prendre ses paroles comme un conseil, et à prendre au sérieux. Elle n'hésiterait peut-être pas à mettre en route son discour. Mais peut-être qu'il était possible aussi que le sake eut comencé à lui monter au nez. Elle ne se mettait rarement sur ces gongs aussi rapidement, mais il fallait dire que Tomoé était certes calme en temps général, mais possédait tout au moins un caractère bien trempé, et le clochard en faisait les frais. Cependant, elle estimait qu'il l'avait cherché. Bon sang! Sa bouteille quoi!

Voyant qu'elle perdait son temps, et que la pause qu'elle s'était accordée avait été écourtée, elle commença à reprendre son chemin boueux et brumeux, sans un mot de plus. *

* Je suis décidément trop gentille... cela me perdra...*

* Cependant, elle continuait à avoir une drôle d'impression. Elle regarda furtivement le maladroit du coin de l'oeil, puis son attention se retourna vers le chemin qu'elle empruntait. *

* La jeune femme commença à reprendre sa route bon train, mais voilà que le bougre revenait à la charge. Décidément, quelle journée! Voilà que le jeune homme commença à s'excuser d'une façon qui ne lui plaisait pas vraiment. " Si peu " ??? C'était cela qu'il avait dit? Odieux! Le sake était un met délicieux, un rituel précieux pour Tomoé. Si peu..... quel fou.

Sans le montrer, elle serra les poings sous son manteau, mais son visage resta inflexible face au vagabond. Néanmoins elle répondit par politesse. Même si celui-ci commençait à avoir l'art de la mettre en pelote, elle n'en était pas moins quelqu'un qui avait des principes, et quel que soit l'individu en face d'elle. *

" Si peu? Cette bouteille de sake était de très bonne qualité, et son prix inestimable. Je n'aurais plus l'occasion de m'en payer une d'aussi chère. Accident ou pas, elle ne me reviendra pas.... "

" un si bon sake.... pfffff "

* La voix de la jeune femme paraissait déçue alors, la tempête avait cessé... Le calme était revenue dans son esprit. Mais Anakiel semblait s'accrocher et il semblerait qu'elle ne se défasse de ce rustre avant un bon moment si elle écoutait ses dires. *

" Non de dieu.... il va vraiment me suivre? Mmmm.... je ne vais pas avoir le choix.... on le dirait bien. Vraiment.... quelle perte de temps... boulet ce gars! "

* Finalement Tomoé s'arrêta et se frotta le front avant de prendre une mine déconfite. Le vagabon se tenait devant elle. Elle ne put se retenit de lâcher un soupir, avant de bouger négativement la tête de droite à gauche. Une main sur sa hanche, détournant les yeux, d'une voix lasse, Tomoé finit par lui répondre. *

" Bien. Soit! Faites ce que vous voulez. Sachez que même si c'est votre devoir que vous accomplissez ainsi, je ne vous pardonnerais pas de vous avoir dans mes pattes. J'admire l'honneur dont vous faites preuve, et votre témérité, c'est certain. Cela fait de vous un grand shinobi, d'une certaine façon... "

* A ce moment là, elle le dévisagea de nouveau. Peut-être que honneur était un bien trop grand mot, car il ne semblait pas en avoir pour son apparence. Néanmoins, elle comprenait son attitude, bien quand général, on l'adoptait seulement quand une vie était sauvée...

A présent, il se présentait et jouait des courbettes. Takao Zandachi.... voilà donc l'identité du maladroit. Et bien. Il fallait donc qu'elle se présente à son tour. Quelle poisse. *

" Takao hein? Bon.... bein je suppose que je vais devoir te supporter un bon moment alors soit. Je me nomme Tomoé Kanda. Et évite de me poser des questions sur moi, c'est tout ce que je te demanderais... même, évite de parler tout court, ça m'arrangerais... je n'aime pas les grands bavardages... "

* Elle le regarda alors brièvement, elle semblait plus docile mais seulement en apparence. Si celui-ci lui devenait trop gênant, elle n'hésiterait pas à se servir de son arme. *

" Alors ce misérable viens de Kumo... Mmmm.... peut-être qu'il me servira en chemin... on verra bien.... "